2006/04/30

En Chine - avril 2006 (2)

Dimanche ensoleillé à Shanghai. On ne peut pas vraiment voir le soleil à cause de la pollution, mais on peut deviner que ça pourrait être ensoleillé.

Pas beaucoup de nouvelles de ma part. Moins de messages que lors des derniers voyages. Quelques explications possibles.

Lors de mon passage en Inde, j'avais lu ou entendu la maxime suivante : "Après 1 journée en Inde, tu veux écrire une encyclopédie. Après 1 mois, tu veux écrire un livre. Après 1 an, tu n'es pas certain si tu peux écrire une phrase." J'ai mis les pieds ici pour la première fois il y a plus d'un an et depuis, j'ai passé l'équivalent de 4 mois ici (17 semaines). Je connais le centre-ville, mais je ne comprends toujours pas plus la langue. Je suis capable de traverser comme un grand à une intersection, mais je ne mange pas toujours ce que j'ai commandé. Je remarque toujours des situations cocasses ou inexplicables, mais je trouve ça plus "normal". Je pourrais continuer à décrire certaines observations, mais un peu toujours en vain de la véritable explication. Les gens d'ici disent "China isn't a country, it's a different world" (la Chine n'est pas un pays, c'est un monde complètement différent).

Aussi, je commence à saisir un peu mieux l'essence de la culture chinoise : un mélange d'assurance face à l'avenir et d'un besoin de se prouver aux yeux des autres, de joie de vivre et de réserve polie, de calme jumelé à une grande effervescence. Cette dernière caractéristique est probablement plus distincte pour Shanghai par contre.

En fait, ce qui me saute aux yeux lors de ce voyage, c'est l'universalité. En ces temps de mondialisation, il reste un point commun partout dans le monde : les gens.

Prenez cette nouvelle employée à l'usine où je travaille. Début vingtaine, elle vient tout juste d'arriver à Shanghai. Originaire de la province de Hubei, province pauvre située au milieu de la Chine, elle a quitté famille et amis pour venir travailler à Shanghai. Mon premier réflexe a été de penser au fait qu'elle a laissé derrière un monde passablement pauvre pour venir gagner 1$ de l'heure ailleurs. Et il ne faut pas s'y méprendre, elle
en est bien contente. Mais en y repensant bien, quoi de plus banal qu'une jeune adulte qui veut découvrir autre chose et qui part avec une gang de chums dans la "grande ville". Dans une moindre mesure, j'ai bien fait la même chose en partant pour Sherbrooke.

Prenez aussi cette scène qui se déroulait devant moi alors que je mangeais je-ne-sais-trop-quoi dans mon petit restaurant habituel. De l'autre côté de la rue, une jeune femme a rejoint un homme, probablement son père. Il lui a dit quelque chose à l'oreille qui a déclenché une crise de larmes et de cris. Pendant tout mon repas, elle a pleuré toutes les larmes de son corps, remplie d'une tristesse très perceptible. On ne saura jamais pourquoi toute cette détresse, mais cette scène aurait pu se jouer n'importe où dans le monde.

Enfin, prenez aussi les gens qui m'entourent ici. Je les ai d'abord connus par l'échange d’emails. Puis, une relation professionnelle s'est établie. Au fil des voyages et des conversations (pas toujours évidentes, mais toujours intéressantes), je considère ces personnes comme de véritables amis. Et je suis persuadé que c'est réciproque. Persuadé parce qu'ils me le répètent souvent (un peu trop peut-être) : "You friend. Not business.
Friend."

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Sur une note plus légère, deux moments la semaine dernière qui auraient fait pleurer n'importe qui oeuvrant dans le monde publicitaire. J'ai fait des inspections de machines plusieurs heures cette semaine. Toujours le même pattern : Xia Xin Mei m'apporte un appareil, je l'inspecte, je dis si l'appareil est correct ou pas (Howda ou Buhow), s'il faut le
réparer (Xiu y xia) et je le remets à Tzen. Quand quelqu'un quelque part remarque quelque chose, ils me le disent en mandarin. Comme je n'ai jamais le réflexe de me retourner pour voir ce qu'il y a, on s'entend sur un code. Quand quelque chose cloche, il faut dire : "Ah Ah !". Une fois, par réflexe, je lâche un "Familiprix". Ça a resté. Donc, on trouve un défaut et on dit tous en coeur (une dizaine de Chinoises) : "Ah Ah Famlipli !".

Lors de ma dernière visite, j'avais eu un repas avec l'ingénieur cool, M. Xin. Encore une fois, en plus de son amour pour Karen Carpenter, il m'avait reparlé de son amour pour la bière Molson, plus particulièrement la Dry. Bon prince, je lui ai apporté cette fois-ci deux grosses bouteilles de 1,14L de Molson Dry. Je ne pense pas que j'aurais pu le rendre plus heureux. Il a partagé tout ça avec un de ses bons amis et il m'en a reparlé à tous les jours depuis. "Molson Dry. Good beer. Sweet. Strong. Good beer." Molson Dry, appréciée partout à travers le monde - fade out sur la scène où M. Xin savoure une gorgée avec son ami... ça ferait une bonne annonce non ?


Go Habs Go !

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